«La souveraineté ne se partage pas sinon elle est bientôt détruite» | «Un pays souverain doit avoir sa langue nationale endogène officielle et de travail, sa monnaie et pouvoir protéger son peuple et ses richesses.»

Lettre Ouverte du Professeur Désiré BALOUBI à ses compatriotes au Bénin

Lettre Ouverte du Professeur Désiré BALOUBI à ses compatriotes au Bénin Compatriotes au Bénin, Concitoyens et concitoyennes de la Diaspora, Cher(e)s frères et sœurs en exil, Mon cœur ouvert et meurtri qui saigne me donne à la fois l'audace et l'insigne honneur de m'adresser de nouveau et le plus humblement que je puisse le faire à chacun et à nous tous après mon article "Tout Va Bien ou Tout Va Mal" récemment publié dans le journal Matin Libre. Dans cet article, de bon goût pour certains et peut-être irritant pour d'autres, j'ai fait un plaidoyer pour la PAIX dans notre cher et beau pays, le Bénin. Loin de moi la prétention de donner une leçon, en tout cas, pas un cours d'histoire et encore moins, de morale à qui que ce soit! Certes, je suis un enseignant, mais ici, il s'agit d'un appel à une union de prière sacrée pour notre peuple, le peuple profond, et pour notre seule nation indivisible du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest. Oui, ce petit pays de grande histoire qui, jadis, fut conquis par les envahisseurs français, mais libéré par nos aïeux au prix de leur sang qui coule encore dans nos veines, nous a tout donné. Ce pays, qui a connu ses monts et vallées, a une histoire qui mérite d'être racontée à notre jeunesse, à nos enfants et à nos petits-enfants. C'est à eux que reviendra le devoir, j'allais dire la très lourde responsabilité, de continuer à tresser la corde de l'unité nationale et de l'émergence de notre pays commun. Il leur incombera de redresser nos erreurs, voire nos errances, pour bâtir une société béninoise de type nouveau. A l'instar des intrépides artisans de l'indépendance et pères fondateurs de notre République. Avec les mêmes vertus de résilience, de perspicacité, de sagacité et de pugnacité que celles des nationalistes ou panafricanistes, tels que Aimé Césaire, Frantz Fanon, Cabral, Lumumba, Olympio, Nkrumah, Sankara, Mandela, Jerry J. Raw- lings, inter alias, les intrépides artisans de l'indépendance et pères fondateurs de notre République - la respublica avaient donné la preuve de leur amour pour la patrie commune. Même s'ils ne s'entendaient pas toujours sur quel arbre planter, leur attache- ment à la terre natale et le res- pect presque sacré qu'ils por- taient dans leurs cœurs étaient des graines d'espoir que nous pouvons aujourd'hui semer pour une Renaissance exubérante au Bénin et partout en Afrique. Tout en évoquant notre passé, j'invoque Dieu et même les mânes de nos ancêtres. Puis, tel un muezzin qui appelle à la prière, j'inter- pelle notre conscience indivi- duelle et collective, au nom du peuple que nous prétendons tous défendre, afin que nous nous mettions courageusement à l'Ecole de la PAIX et de la CONCORDE, dans l'intérêt suprême de notre nation commune. Gardons toujours à l'esprit, la grandeur de l'enjeu, et mettons-nous enfin à l'Ecole de notre peuple pour mieux le servir. Les gouverneurs et les gouver- nants passent, mais le peuple demeure. Petits ou grands, riches ou pauvres, forts ou faibles, ce sont les humains qui passent, et non le temps. Et puisque nous passerons, laissons alors des empreintes de sagesse et de progrès qui puissent inspirer les personnes que nous laisserons derrière, ainsi que les générations futures. Créer une société souveraine de droits, dans le strict respect des lois de la République. Autant que nous sommes, je demeure persuadé que nous aimons notre pays et nous aimons notre peuple. Notre objectif commun est de créer une société de justice, de liberté, d'équité, de prospérité pour tous. Il s'agit d'une société où nous vivrons dans une harmonie relativement satisfaisante, une société souveraine où chacun jouirait de ses droits, dans le strict respect des lois de la République, en s'acquittant de ses devoirs de citoyen responsable. Ce qui nous distingue, les uns des autres, c'est le choix in- dividuel ou l'opinion synthétisée au sein des groupes ou au cœur des états major des partis politiques, tels qu'ils ont été jusque-là constitués. Cette distinction, pour ma part, est une multiplicité et une diversité toutes enrichissantes, qui devraient nous permettre de libérer les énergies po- sitives que requiert le vivre-en- semble. Nous ne devons pas gaspiller ces énergies dans des discours savamment articulés, soit pour humilier Don Diègue devant Rodrigue, son fils bien- aimé, dans le Cid de Pierre Cor- neille, soit pour exposer les dé- fauts de Tartuffe, le faux dévot ou l'imposteur, que Molière mit tout son génie à nous faire découvrir. Ces déficiences qui sont, peut- être, également en nous-mêmes sont humainement naturelles et bien évitables; mais il faudrait que nous apprenions à nous connaitre nous-mêmes. Cette injonction socratique ("Connais-toi toi- même") nous fera tous du bien, en ce sens qu'il nous permettra de mieux comprendre les autres pour mieux apprécier l'essence des actes qu'ils posent en leurs noms ou au nom des peuples qu'ils dirigent. Rebâtir une nation définitivement réconciliée avec ses origines et sa propre identité Donneur de leçons, je ne le suis point ; mais je demeure persuadé que nous avons tout à gagner en recherchant ensemble les voies et moyens pouvant nous aider à rebâtir une forteresse, une nation définitivement réconciliée avec ses origines et sa propre identité. Comment pouvons-nous réaliser un tel rêve, si nous laissons les fissures de surface s'approfondir de manière à nous mettre en porte-à-faux avec notre peuple qui ne saura plus à quel saint se vouer. Toute idée d'opposition, de mouvance ou de résistance mise de côté ou, tout au moins, mieux canalisée, nous permettra de préserver nos acquis démocratiques, si nous souffrons que la loi, même si elle est dure, nous aide à nous débarrasser des vieilles habitudes rétrogrades, véritables freins au développement de notre pays. Nous sommes tous coupables. Parmi nous, on comptera très peu de saints. Nombreux sont ceux et celles qui ont toléré ou facilité l'impunité, dans leur posture de leaders, quel que fût le niveau où ils ont eu le mérite, en son temps, de gérer toutes les affaires ou une partie des affaires de la cité. Les immaculés, il n'y en a point ! Si d'aucuns ont été peut-être trempés dans l'eau boueuse de l'immoralité et que d'autres sont restés très innocents, relativement ''disculpés'', il n'en demeure pas moins vrai que nous sommes et serons tous coupables aux yeux de notre jeunesse et aux yeux des générations à venir, tant que nous ne baisserons pas les armes pour opposer à la guerre, la paix ; et à la violence, la non-violence. Individuellement ou collectivement, nous aurons à répondre de notre engagement ou de notre démission au regard des opportunités inouïes que nous offrent les crises politiques actuelles, avec les défis de la COVID-19 qui semble n'épargner aucune nation. C'est donc face à cette réalité à laquelle, nous tous, sourds, muets, aveugles, malvoyants et voyants, sommes sensibles, que je nous invite à jeter les bases d'une Nouvelle Espérance pour le Bénin et pour l'Afrique. Le monde nous regarde, et l'Afrique nous attend. Chers compatriotes, le monde nous regarde, et l'Afrique nous attend. Entre la paix ou la réconciliation autour d'une même table, pour une démocratie renforcée au service du développement et le trouble ou la confusion qui fragilise l'espoir de notre jeunesse en détresse, le choix est plus que jamais clair. Brisons les cordes qui nous rattachent encore à notre histoire coloniale, et plongeons de tout notre poids dans l'océan des valeurs qui protègent notre identité et garantissent la souveraineté de notre peuple! La Patrie ou la mort! Ensemble, nous vaincrons la fa- talité! Pr. Désiré BALOUBI Norfolk State University Norfolk, VA, USA